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Texte de la pièce jouée lors de la fête médiévale 2017

Si les pierres pouvaient parler...

David Taylor-Jones

Traduit de l’anglais par Colette Taylor-Jones

Après tant d’années, je suis toujours là. Posez vos mains contre les parois en pierre du donjon. Approchez votre visage. Effleurez les murs et respirez la pluie qui a trempé la façade il y a quelques heures. Ressentez-vous ma présence ? Je suis là depuis plus de 600 ans. Je ne peux pas partir. C’est un drame, très ancien, qui m’a cloitré ici.


Les gens qui restaurent le château de Saint-Blaise sont de retour. Ils viennent les week-ends et confortent les fondations afin de stabiliser les anciennes pierres de l’édifice, les renforçant avec ce qu’ils appellent du « béton » et de nouvelles pierres. Ils sont une dizaine. Certains sont âgés, d’autres plus jeunes, il y a même des enfants qui jouent dans les vestiges du vieux village perdu dans la forêt en contrebas. Ces petits jeunes fouillent la terre pour trouver des tessons qu’ils apportent à Simone, l’historienne du château, pour qu'elle les identifie, les date et les conserve. Ce sont leurs « trésors ».


J’ai parfois l’impression que ces garçons me sentent. Je sais qu’ils perçoivent quelque chose qui échappe à leurs parents. Leurs sens sont plus aiguisés. Ils n’ont pas encore été émoussés par l’éducation et la culture trépidante de ce xxie siècle. Je les vois s’arrêter, hésiter, scruter la cime du donjon, plisser les yeux, tentant de déceler ce qu’ils décèlent à peine comme si quelqu’un ou quelque chose essayait d’attirer leur attention. Les observer ainsi me rassure, me confirme presque que je suis encore là.



Du haut de ma tour, je les scrute. Le castel est construit dans les collines au-dessus d’une grande ville côtière, à une bonne journée de marche du littoral méditerranéen. Bien sûr, tout a beaucoup changé depuis la construction du château, il y a 800 ans. Pourtant, s’il est bien une chose demeurée la même, c’est la vue vers le Nord, ses montagnes, ses collines de l’autre côté du Var surplombées par la cime du Cheiron, elle-même couronnée de ses nuages orageux, avec en contrebas ma petite vallée, délimitée par le ruisseau qui s’échappe de la Rocca Partida. Elle est couverte de pins et de chênes depuis des siècles et abrite toutes sortes d’animaux, des cerfs, des blaireaux, des renards et, surtout, des sangliers.



Le château n’a pas été construit près du chemin qui suit le fleuve, car personne ne prenait le risque de voyager en ces lieux infestés de brigands. Les voies principales passaient près des cimes des montagnes, d’où l’on pouvait guetter d’éventuels autres marcheurs ou cavaliers. Le château s’élève donc à l’abri, entre Levens et Aspremont. C’était jadis un endroit propice pour faire une halte et se reposer une nuit au milieu des pâturages. Et bien sûr il y a aussi la source – même si les membres de l’Association du Château ne l’ont pas encore trouvée…

Les hommes sont en train de mélanger leur fameux béton, puis le portent jusqu’à la barbacane afin de réparer la grande crevasse qui déchire la façade nord de la tour, et s’éreintent à déplacer de gros rochers. Ils viennent à pied par un chemin qu’ils ont créé eux-mêmes dans la forêt, un petit sentier qui serpente à travers les pins. Lorsqu’ils arrivent, ils boivent un coup et se partagent ensuite en différents ateliers – dont un, par exemple, consiste à débroussailler puis couper et brûler les arbres qui cachent le château depuis des siècles. Le château semble avoir jailli de la forêt ! Ils sont contents de leur travail et moi aussi.


Mon histoire commence de l’autre côté de la vallée du Var, dans le village de Carros, en l’an de grâce 1345. Je m’appelais Ludovico et j’étais un jeune berger. Je ne parlais alors pas un mot de français, mais un dialecte de la langue d’Oc, semblable au patois qu’on entend encore rarement aujourd’hui. Je vivais avec mes parents près du village, nous avions trois moutons, dix chèvres, et nous louions une parcelle avec vign

es et oliviers. Ma chienne Luna était ma meilleure amie et le plus intelligent des chiens de bergers. Ensemble, nous travaillions pour un important négociant en bétail de Gattières, un village voisin. C’est là que tout a commencé, au mois de juin, lorsque nous emmenions les moutons jusqu’à des pâturages plus élevés. Ce déplacement du littoral aux températures élevées vers les hauteurs plus fraîches pour l’été s’appelle la transhumance. Les moutons peuvent ainsi se gorger de l’herbe luxuriante de la vallée de la Vésubie et des premiers sommets des Alpes Maritimes.


Cela faisait déjà deux ans que je me joignais à d’autres bergers pour mener un grand troupeau de 3000 moutons, brebis et agneaux vers les montagnes, non sans l’aide de ma fidèle Luna. Le jour du départ, je me réveillai à l’aube pour gagner le point de rencontre, en contrebas de Gattières. Les champs étaient couverts d’une légère rosée, les pies et les geais planaient au-dessus du maquis, et Luna gambadait à mes côtés. Ma mère avait préparé des galettes et du fromage de brebis pour le déjeuner et s’était assurée que ma gourde était pleine. Un jeune homme de 14 ans devait, selon elle, manger à sa faim, et elle me donna les dernières figues sèches de la récolte ainsi que deux morceaux de lard salé. Je partais pour quatre mois et ne reviendrais qu’à la fin du mois de septembre pour participer aux vendanges de Carros. Mon travail de berger était rémunéré en viande et en laine de mouton que mes parents pourraient ensuite vendre ou troquer contre d’autres produits de première nécessité tel que du sel.


Guidée par Guillaume, le meneur des bergers, la descente jusqu’au fleuve du Var s’est faite en une journée et nous avons campé au bord de l’eau. Ce n’est pas une tâche aisée que de maintenir 3000 moutons ensemble et ce serait impossible sans l’aide des chiens. Le cheminement fut lent.

Le fleuve Var était soit un filet d’eau, soit un torrent. Il aurait pu déverser à toute allure la fonte des neiges, mais le printemps avait commencé tôt et le mois de mai avait été doux, toute l’eau s’était déjà écoulée et le fleuve restait franchissable au gué de Gattières. Le lendemain fut consacré à la traversée des chiens, des moutons, et des bergers. De grosses pierres lisses tapissaient le fond de la rivière et il fallait faire attention à ne pas se tordre les chevilles ni se blesser. L’eau était froide et parfois profonde jusqu’à la taille, mais nous n’avons eu à porter que les plus jeunes agneaux, les autres moutons traversèrent à la nage. Ils furent souvent emportés par le courant si bien que nous arrivâmes en aval de notre point de départ Le troupeau fut rassemblé tard dans la soirée de l’autre côté, sur les quelques coins d’herbe de la rive sablonneuse.


Au cours des trois jours suivants, nous avons mené le troupeau jusqu’au village de Castagniers, puis à celui d’Aspremont, face au village de Carros. Chemin faisant, nous avons troqué les toisons et du fromage pour de la nourriture, de l’eau et un abri. Il y a un chemin de haute montagne, passant par le Mont Cima, qui relie Aspremont au château de Saint-Blaise, porte d’entrée de la route qui mène à Levens. C’est par là que nous sommes passés et en une journée nous avons atteint Saint-Blaise. Le château surplombait alors un village de 200 âmes habitant des maisons de pierre, amassées les unes contre les autres. Ces gens cultivaient des légumes et légumineuses sur des terrasses que l’on pouvait voir en approchant du village, à une demi-heure de marche. On apercevait aussi, à travers les arbres, le château, et plus particulièrement son donjon protégé par une imposante barbacane percée de meurtrières, tenue en permanence par des soldats. Ce château était la propriété de l’Abbé de Saint-Pons, seigneur des lieux.

Notre arrivée était prévue et l’accueil fut chaleureux. Nous avons établi notre campement sur le versant en amont du château, à l’écart du village, et comptions y rester deux nuits avant de continuer vers Levens, Duranus et Saint-Jean-la-Rivière.


Nous étions couverts de terre et de poussière. On m’envoya donc chercher de l’eau. Une jeune fille d’environ 13 ans, appelée Aydeline, m’indiqua où se situait le puits, me prêta deux seaux et une palanche pour les porter. Elle m’invita à manger chez elle le soir-même. Je crois qu’elle m’aimait bien car elle se souvenait de notre rencontre l’année précédente, m’avait cherché à notre arrivée et s’assura que je ne manquais de rien. Guillaume me demanda d’être rentré avant la tombée de la nuit afin d’aider à garder le troupeau mais, comme je partais, il me fit un clin d’œil. Nous avons mangé un très bon repas de poulet et de pain chaud, arrosé de vin coupé d’eau. Aydeline voulait me montrer la Rocca Partida, cette colline arrondie de moraine, fendue en deux il y a des millénaires, laissant en son centre une grosse crevasse où vivait un Grand-Duc, le plus grand des hiboux, qui s’envolait la nuit pour chasser.


Il faisait encore jour quand nous sommes partis en courant le long du chemin vers Levens, le même qu’emprunterait le troupeau quelques jours plus tard. Aydeline connaissait un endroit d’où l’on pouvait apercevoir le Grand-Duc, mais nous n’y sommes pas allés car elle m’a mis au défi d’entrer dans la grotte avec elle. Soudain, il y eut un grand coup de vent et, agitant ses grandes ailes, le hibou s’élança vers l’horizon, nous faisant tous les deux sursauter. Aydeline tomba sur moi et nous dégringolâmes sur le sol. Une fois la surprise passée, nous sommes repartis vers le château en nous tenant par la main.



Aydeline voulait tout savoir des aspects les plus dangereux de mon travail de berger. Sans hésiter, je lui parlai des loups. La nuit ou à l’aube, ils rodaient par meutes de quatre ou cinq et tentaient de dérober un vieux mouton ou un petit agneau. Les loups étaient de gros et féroces animaux capables d’attaquer un garçon ou même un homme. Elle était fascinée et voulait savoir comment nous les arrêtions. Nous avions deux recours : nos chiens de berger, dressés pour surveiller les enclos et aboyer si d’aventure ils flairaient des loups ; et nous-mêmes, les bergers, qui pouvions tirer sur les loups avec nos arcs et flèches. Je pouvais aussi les viser avec mon lance-pierre. Aydeline me demanda si j’étais doué et à quelle distance du loup je devais me trouver pour le blesser. Bien sûr, plus j’étais près, plus les dégâts étaient importants, mais déjà à 30 pas je pouvais le toucher assez fort pour le dissuader d’attaquer. Elle voulait me voir dans le feu de l’action donc je m’exécutai et fis partir quelques coups en visant les branches des arbres ce qui sembla l’impressionner. Nous avons passé la soirée ensemble et il faisait presque nuit lorsque je la laissai au château et retournai vers le camp.


Je me réveillai en sursaut à la pointe du jour, en entendant les chiens donner l’alerte des loups. Je bondis hors de ma couche et rejoignis en courant les autres garçons et bergers. Malgré la pénombre, nous nous précipitâmes vers l’endroit indiqué par les chiens pour trouver un de nos vieux moutons mort et une traînée de sang dans la direction du maquis. Guillaume nous envoya, nous les garçons, dans différentes directions, et il partit armé de son arc prenant Luna avec lui.


Je me dirigeai vers le château aussi vite que possible et suivis le chemin vers le Rocca Partida dans l’espoir de barrer le chemin aux loups s’ils passaient par là. Il commençait à faire jour et je courus à travers la légère brume matinale. J’avais fait la moitié du chemin quand les cris des chiens m’interrompirent. Je gravis un gros rocher pour mieux voir et préparai mon lance-pierre. J’étais sur le qui-vive. À mesure que les aboiements se faisaient plus proches, je me baissais afin de ne pas me trouver dans la trajectoire d’une flèche de Guillaume. Au moment même où je pensais que les chiens étaient plus loin au-dessus de moi, j’entendis un petit bruit qui me fit lever la tête : un loup apparut sur le chemin, tenant entre ses dents l’un de nos agneaux. Je me figeai. Je pouvais discerner, malgré les 25 pas qui nous séparaient, qu’il était imposant. Je ne pourrais tenter de le tuer qu’une seule fois. Je jaillis et lançai une pierre. La bête fut touchée et s’arrêta net. Elle m’aperçut, lâcha l’agneau et se jeta sur moi. Je dégainai une autre pierre mais c’était la dernière et en tirant, je glissai et ratai ma cible. Le loup était presque sur moi quand j’entendis un bruit sourd et aperçus la flèche qui avait traversé son corps. Dieu merci, Guillaume avait réussi à l’abattre.


Je m’étais un peu égratigné lors de ma chute, mais rien qui puisse m’empêcher de me diriger avec Guillaume, tous deux triomphants, vers le village où nous racontâmes notre aventure et fûmes reçus en véritables héros. Cela faisait plus d’un mois que les loups inquiétaient et effrayaient les villageois, qui nous furent très reconnaissants.Malheureusement, les événements prirent un tour dramatique.


Aydeline avait disparu et n’était toujours pas rentrée le lendemain à la mi-journée. On lança une battue pour la retrouver. C’est Luna qui la trouva, tout près de l’endroit où nous avions tué le loup. Elle avait dû me voir courir et me suivre. Son corps était étendu, caché dans les fourrés sur le bas-côté du chemin. Une balafre sur son front montrait l’impact d’une pierre lancée à la fronde.


C’était, bien entendu, un accident. Mais ses parents refusèrent de reconnaître mon innocence. Leur fille n’était plus et, pour eux, j’en étais la responsable. Un message fut envoyé à l’abbé Guillaume de Saint-Pons, seigneur du château et de son village. Je me sentais tellement coupable de la mort d’Aydeline et du deuil de ses parents… Les soldats m’enfermèrent dans le donjon dans l’attente de l’abbé Guillaume. Le lendemain, le messager revint et nous apprit que le seigneur ne serait pas de retour avant la semaine suivante.


Guillaume prévint mes parents avant de partir à la tête du troupeau et des autres bergers qui devaient poursuivre leur chemin, me laissant assis à même le sol gelé de ma petite cellule. Ils me manquaient tous terriblement et surtout ma chienne Luna.

Mon père eut le droit de me rendre visite. Il resta deux jours au village en attendant l’abbé, qui finit par arriver. Dès que j’aperçus ce dernier, je sentis que tout cela allait mal tourner. Je lui expliquai ce qui s’était passé mais il ne semblait pas me croire. Il ne cessait de marmonner en latin tout en grattant le bout de son gros nez. Peut-être cherchait-il une autre explication à la mort d’Aydeline. Peut-être estimait-il que toutes les choses se font pour une raison dont seul Dieu peut décider.


J’eus l’impression un instant qu’il comptait me condamner à mort, mais après de longues délibérations, il m’assigna à comparaître au milieu de la cour du château et décréta que je resterais prisonnier du donjon, contraint à des travaux forcés la journée, et ce pendant dix ans, pour payer ma dette. Je me demandai ensuite si ce n’était pas aussi pour me protéger des parents d’Aydeline, furieux d’une sentence qu’ils ne jugeaient pas assez sévère. Ils avaient perdu leur enfant. Ils me détestèrent de plus en plus au fil des jours, des semaines et des mois. Ils voulaient que je paye le prix du sang, mais ma famille ne possédait rien. L’abbé Guillaume déclara que j’effacerais ma dette envers Dieu en travaillant pour le château de Saint-Blaise.

Je sortais du château le jour pour travailler, mais jamais sans être menotté et attaché à un rocher par une lourde chaîne. Je ne pouvais pas m’échapper. Tous les villageois me détestaient et j’étais devenu un bouc émissaire. J’avais le sentiment que l’abbé, en m’enfermant dans le donjon, m’avait protégé de la vengeance des habitants. Je suis persuadé que s’ils avaient pu, ils m’auraient tué.


Avec ma petite couverture, je mourrais de froid toutes les nuits d’hiver.

Je voyais par une petite meurtrière et regardais passer les jours, les semaines, les mois, et peu à peu les années filèrent.


Après trois ans de prison, en 1348, il y eut un tremblement de terre auquel le donjon résista. Puis le village fut frappé par la Peste. Les habitants s’éteignaient les uns après les autres et j’étais toujours enfermé dans ma cellule. Steffano, le geôlier, me confia que personne ne pouvait soigner les malades. Et tous les jours, des villageois mouraient. Par miracle, Steffano semblait épargné. Je tentai donc de le supplier de me libérer – je pourrais ainsi moi aussi prendre le risque d’attraper la Peste. Il n’osa pas, mon cas était devenu célèbre et il s’inquiétait qu’on pût lui demander ce que j’étais devenu. Il continua de m’apporter à manger, jusqu’à ce qu’un matin je me réveille pour me rendre compte qu’il n’y avait pas un bruit dans le village. Pas un aboiement, pas une voix. Pas de Steffano. Personne pour m’apporter de quoi manger.

J’essayai d’enfoncer la porte mais elle était faite d’épaisses planches de bois et je n’avais pas d’outils, c’était impossible à mains nues. Je passai la journée à crier et hurler, mais le temps s’écoula sans réponse. Je m’endormis et le lendemain se déroula dans la même solitude. Grâce à la pluie que je pouvais recueillir dans mes mains par une ouverture, je pus apaiser ma soif. Quatre jours plus tard, je pris conscience que le village était abandonné et que tous m’avaient laissé à mon sort.


À l’abri de la peste, je survécus pendant 8 jours dans mon isolement, mais sans eau ni nourriture, je mourus de faim. Mon corps resta enfermé dans le donjon du château de Saint-Blaise, pendant près de trois mois, jusqu’à ce qu’un moine, envoyé par l’Abbaye, me trouve. Mais il ne me toucha pas, de peur que je sois décédé de la Peste, et mon corps se désagrégea lentement. Mon seul visiteur était le Grand-Duc, qui s’abritait avec moi lors des orages. Comme souvent, les villages décimés par la Peste furent laissés à l’abandon. Saint-Blaise n’échappa pas à ce terrible sort et finit par tomber en ruine, puis la forêt environnante prit le dessus au fil des années. Mon corps se décharna mais mon âme demeura, et je pris lentement conscience que mes os devenaient pierre, que je me fossilisais dans les murs de l’édifice. Plus tard un tremblement de terre détruisit la tour. Mon squelette dégringola, et fut enseveli sous les pierres et la poussière. Voilà pourquoi je suis ici, aujourd’hui encore, enfermé dans ces ruines.


Au fil des années, j’ai gagné en patience et en sagesse. Les habitants se sont succédés dans le village, tentant d’y remettre de la vie, mais les temps sont durs et la terre est pauvre, il est difficile d’y mener même une existence des plus modestes. Sans le soutien de riches mécènes, ils ont tous été contraints de partir pour des contrées plus favorables. Depuis des siècles, je les écoute et j’apprends beaucoup du monde actuel – comment les gens parlent, les nouveaux modes de vie, les nouvelles activités –, que puis-je faire d’autre, enfermé ici ? Tout récemment, après que les hommes en bas aient déjeuné, j’ai tenté ma chance en pénétrant le sommeil enivré de l’un d’entre eux pour implanter dans son esprit ma malheureuse histoire. Qui sait si cela a fonctionné?


En tout cas, j’ai à présent grand espoir qu’ils restaurent la tour et dégagent le château de tous ces décombres. Ainsi, s’ils trouvaient mon squelette, ils pourraient m’enterrer non loin, et je serais enfin délivré de ce satané donjon dont je suis prisonnier depuis 666 ans.


St. Blaise, 17 février 2016 : Le château est à présent la propriété de la commune de Saint-Blaise. Une Association du Château a été fondée en 2011, elle vise à préserver cette structure médiévale et à porter ce patrimoine à la connaissance des habitants du village et toute personne intéressée.


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